Erythrée : les Nations Unies, saisies par RSF et ses partenaires, appellent à la libération immédiate de Dawit Isaak, journaliste détenu depuis plus de 20 ans

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Reporters sans frontières (RSF) salue la décision du Groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies d’appeler le gouvernement érythréen à révéler le lieu de détention du journaliste Dawit Isaak, à se prononcer sur son état de santé, et à le libérer immédiatement. Une décision qui fait suite à une plainte déposée par RSF et une coalition internationale d’ONG.  Dawit Isaak a été arrêté en 2001, avec au moins dix autres journalistes indépendants, dont certains sont déjà morts en détention. Ce sont les journalistes emprisonnés depuis le plus longtemps au monde, incarcérés sans jugement.

La décision des Nations Unies formellement saisies par RSF et ses partenaires le confirme : la détention du journaliste Dawit Isaak est complètement illégale et doit cesser immédiatement. Le silence des autorités érythréennes sur le sort et la situation d’un journaliste qu’elles détiennent depuis plus de vingt ans est insupportable et inacceptable. Les Nations Unies le disent aussi désormais en appelant les autorités érythréennes à révéler le sort du journaliste et à le libérer immédiatement sans condition. C’est cet appel à l’Erythrée que réitère RSF aujourd’hui avec la plus grande force aux côtés des Nations Unies.

Antoine Bernard
directeur du Plaidoyer et de l’assistance à RSF

Le Groupe de travail sur la détention arbitraire du Conseil des droits de l'homme des Nations unies a publié, le 26 juillet 2023,  un avis sur le cas du citoyen suédo-érythréen, Dawit Isaak, le journaliste détenu depuis le plus longtemps au monde sans jugement. Cette décision fait suite à un plaidoyer vigoureux en sa faveur de la part d'une coalition internationale d'ONG et d'organisations de défense des droits de la personne, d'experts, de militants, et de journalistes, menée par le Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne (CRWDP.).

Le CRWDP, en partenariat avec Reporters sans frontières (RSF), le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), l'Institut des droits humains de l'Association internationale du barreau (IBAHRI), l’Action mondiale des parlementaires (AMP), PEN International, Defend Defenders, Human Rights Foundation (HRF) et les conseillers juridiques suédois de M. Isaak, ont déposé une plainte l’année dernière auprès du Groupe de travail appelant à la responsabilisation du gouvernement érythréen pour leurs violations flagrantes des droits humains commises contre M. Isaak et ses collègues, et à leur libération immédiate et inconditionnelle.

Le Groupe de travail a conclu, en vertu de la plainte déposée, que la détention de M. Isaak est arbitraire et constitue une violation de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. En outre, le Groupe a estimé que les conditions déplorables dans lesquelles M. Isaak est détenu depuis plus de vingt ans suscitent la "plus grande inquiétude" et a appelé le gouvernement érythréen à révéler immédiatement le lieu où il se trouve, son état de santé, et à le libérer sans condition. 

Le Groupe de travail "renvoie également l’affaire en question au Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, au Rapporteur spécial sur la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, au Rapporteur spécial sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression et au Rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d'association, afin qu'ils prennent les mesures appropriées". 

"Nous accueillons avec beaucoup d'espoir l'avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire, concernant Dawit Isaak, l'étude de cas emblématique de l'atteinte mondiale à la liberté des médias. Cette étape importante met en avant le cas de M. Isaak et ses collègues, et révèle les violations flagrantes et systématiques des droits de la personne commises par un régime érythréen corrompu et criminel. Nous appelons le gouvernement érythréen à libérer immédiatement et inconditionnellement M. Isaak et ses collègues, et nous exhortons la communauté internationale à tenir le régime responsable. Nous ne cesserons pas nos efforts tant que justice soit faite"

Judith Abitan, directrice exécutive du Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne (CRWDP). 

Contexte:  

  • Les autorités érythréennes ont détenu arbitrairement M. Isaak il y a plus de 20 ans.
  • À l'époque, il travaillait pour le premier journal indépendant d'Érythrée, Setit. 
  • Les journalistes ont été arrêtés sans inculpation ni procès, et ont été détenus au secret sans accès à leur famille, sans assistance consulaire et sans droit à un avocat.. 
  • Isaak a été arrêté en même temps qu'au moins dix autres journalistes indépendants, dont certains sont déjà morts en détention. 
  • Isaak et ses collègues sont les journalistes détenus le plus longtemps au monde. 
  • Il possède la double nationalité suédoise et érythréenne. 

La souffrance et le sort de Dawit Isaak et de ses collègues, au cours des deux dernières décennies, reflètent la culture d'impunité omniprésente du gouvernement érythréen et une étude de cas de l'atteinte mondiale à la liberté des médias. Compte tenu de l'attaque permanente du gouvernement érythréen contre les droits et libertés fondamentaux, de la suppression de la liberté des médias, et de la persécution des journalistes, nous exhortons la communauté internationale d’enfin tenir le régime érythréen responsable et d'imposer des sanctions Magnitski ciblées contre les hauts fonctionnaires responsables de ces crimes jusqu'à ce que M. Isaak et ses collègues sont libérés.

 

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